Sur l’escalier, dans le tumulte d’un tarmac, l’odeur du vent me bouscule: odeur de poussière, odeur de fleurs écoeurées de soleil écrasées sur le goudron. J’ouvre la bouche pour effacer l’asphyxie de l’avion et l’humidité des palmiers arrive jusqu’à moi. La mémoire de l’Afrique revient, car le climat semble le même. Je suis pourtant à Nice: ici le climat est méditerranéen et non pas tropical. Avant les changements climatiques il y a les règles climatiques: chaque climat est spécifique. On parle de canicule, de grands gels, mais comment comprendre la radicalité si on ne connaît pas la moyenne?
J’ai tout appris des climats en observant de près le climat dit «tropical». Je regardais se succéder grandes sécheresses et pluies torrentielles sur la terre rouge du Mozambique. Je faisais l’école à la maison et ma maman (qui était aussi mon enseignante) essayait de secouer ma torpeur: «Douve, que vois-tu? Observe!». Elle répétait que les climats ont deux critères principaux (et des secondaires): température et eau. Nous sentons les climats, nous vivons les saisons qui changent, nous désirons qu’il pleuve ou que le soleil revienne, nous écoutons la météo à la télévision en regardant la demoiselle et ses jolies jambes qui nous distraient. Mais les climats sont avant tout des mois et des années de moyennes qui se succèdent. Le grand botaniste Wladimir Peter Köppen (1848-1940) est à l’origine de la subdivision en cinq groupes distincts de climats que l’on utilise encore aujourd’hui. Ma mère me décrivait le climat continental en parlant des grandes steppes où l’eau de l’océan ne vient jamais, des froids immenses et des chaleurs d’été terribles (la Russie). Puis elle peignait le climat équatorial en détaillant des forêts profondes, la pluie omniprésente, la chaleur qui enveloppe. Elle représentait l’exception tempérée de la Méditerranée (que l’on retrouve dans de petites zones de Californie et d’Afrique du Sud) et sa merveilleuse conséquence: le vin. Les données sont précises: le climat océanique (ma Bretagne bien-aimée) est caractérisé par des précipitations constantes et une température modérée, toute l’année au-dessus de zéro. Ces climats sont d’ailleurs résumés dans de merveilleux diagrammes ombrothermiques (qui mesurent les précipitations et les températures moyennes par mois) dont la lecture est fascinante (un bon exemple se trouve sur l’application de MeteoSuisse).
Si le climat de Nice me semblait tropical, il n’était qu’une perception momentanée due à mon dépaysement. Notre impression est partiellement éloignée de ce que le climat est réellement. A l’heure du changement climatique, consacrons du temps à comprendre ce qui fait ses fondements: alors nous prendrons conscience de ce vers quoi nous allons.
Pour voir un diagramme Ombrothermique www.meteosuisse.ch