Quand j’étais petite, en Toscane, on me demandait d’aller au fond du jardin où un trou béant rempli de déchets fourmillait en plein air. Là on lançait notre sac poubelle qui contenait de tout-et oui, même les piles ! – . Mes enfants n’y croient pas mais j’ai vraiment vécu cela. Certains traits de ces habitudes sont restés et il m’arrive de jeter le papier dans ma poubelle mélangée « pour que la poubelle brûle mieux ». Je le fais toutefois en cachette, puisque j’ai désormais une fille de 15 ans qui manifeste pour le climat, fait des sit-in à l’école et est devenue végétarienne.
C’est ainsi qu’avec la bonne volonté d’une débutante, je me suis dirigée vers les allées des supermarchés désireuse de faire « le bon choix » pour ma planète et mon futur. Étape une ; le miel. J’avais déjà repéré avec le coin de l’œil que le bio est habituellement emballé dans du carton, a une étiquette verdâtre et porte des logos de toutes sortes qui rassurent bien. Les logos sur le miel disaient ce que je sais déjà : il existe un miel de fleurs (au printemps) et un miel de feuillus (en fin d’été). Ils disaient aussi qu’il existe visiblement du miel bio et du miel qui ne dit rien (qui ne l’est donc probablement pas). Puis certains disent Max Havelaar (produit par des gens qui ont été traités et payés correctement). Si le logo n’y figure pas, doit-on pour autant supposer que les gens ont été exploités ? Enfin l’emballage était parfois en verre et parfois en plastique. Mes enfants m’ayant parlé du continent du plastique qui occupe un grand terrain dans le Pacifique, j’ai cru comprendre que je devrais favoriser le verre. Mais voilà que cela se corse. Altanatura, l’étiquette qui fait le plus bio -à la Migros- vend du miel qui provient de Hongrie et qui est emballé en Allemagne. De même le miel Max Havelaar provient d’Amérique Latine. J’avais cru comprendre que la distance de transport était un facteur clé : à dois-je donner le plus d’importance ? Le miel suisse, local, n’a pas l’air vraiment bio, est emballé dans des pots bien plus petits qui sont toutefois en verre. J’ai peut-être une réponse. Mon ami apiculteur m’explique les règles strictes du bio. Ce qui vaut pour le contrôle d’une carotte ne peut pas valoir pour une abeille qui se balade. Il faut garantir plus de 10 kilomètres autour des ruches sans aucun pesticide pour être sûr que l’abeille butine des fleurs bios. Le rêve serait donc de consommer du miel local, bio dans un pot en verre ; le miel de l’apiculteur du coin.
J’ai trouvé le miel correct ; il est fait par un ami, par un voisin, ou par un paysan qui vend au marché. Il n’a pas d’étiquette verdâtre moche et de « look bio accrocheur qui rassure et donne bonne conscience ». Je sais pourtant que les suisses sont des grands consommateurs de miel et qu’il n’y aura pas de miel parfait pour tout le monde. Alors que faire ?
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