Une nouvelle, lue récemment, m’a anéantie. Les roux sont en voie de disparition. En effet, le gène qui donne la couleur ambrée, auburn ou même poil-de-carotte aux cheveux aux enfant doit être présente chez les deux parents, or la population qui possède ce gène est très rare. Sur une île, comme l’ Irlande, la probabilité que deux personnes porteuses du gène se rencontrent et se multiplient est très haute. Cependant, les migrations de populations, comme justement le départ des irlandais de leur île, fait baisser voir disparaitre la probabilité de cette rencontre fortuite entre deux porteurs du gène.
Je pourrais m’attarder sur le problème des roux mais c’est la migration qui m’intéresse et en particulier son effet sur les plantes. En effet nos déplacements et ceux des biens que nous consommons impliquent des changements importants des biotopes. Je l’ai découvert lors d’une exposition pour enfants du Museum d’Histoire Naturelle de Fribourg (Où vas-tu ? D’où viens-tu ?). Les premiers mouvements de populations comme le départ vers le continent américain ont amené des plantes qui ont colonisé les jardins, des graines volatiles qui on esséminé des nouvelles espèces. L’homme l’a parfois fait volontairement, comme lorsque le naturaliste Buffon a ramené d’expéditions du nouveau monde les premiers arbres exotiques. Il l’a aussi fait inconsciemment (comme planter des graines de tomates et de maïs au retour d’un voyage sur le nouveau continent). Des plantes se sont aussi cachées dans les voyages, comme les mousses qui poussaient sur les cales des bateaux. Alors que le monde s’est fait plus petit, les mélanges se sont intensifiés. Puisque les plantes amènent aussi les animaux, les insectes se sont cachés dans les plantes. C’est le cas du capricorne asiatique, insecte terrible qui s’est déguisé dans des importations de bois et est arrivé en Suisse en 2012, date depuis laquelle l’Office Fédéral de l’Environnement demande une extrême vigilance dans les jardins. C’est le cas des légendaires tortues de Floride relâchées dans le lac de Sauvabelin de Lausanne. C’est surtout le cas lorsque j’accepte dans ma maison les merveilleuses plantes d’intérieur qui ne sont pas natives de chez moi. SI une plante ne peut pas vivre à l’extérieur de ma maison c’est qu’elle n’est pas suisse.
Que doit-je alors faire ? Dois-je arrêter de voyager ? Nous sommes devant la globalité d’un phénomène de changement qui fait naitre de très belles choses et en fait disparaitre d’autres tout autant merveilleuses. Cela a été le cas depuis toujours. La polenta tessinoise est le fruit d’un maïs qui ne poussait pas en Suisse avant 1492, et je pense sincèrement que nous ne pouvons pas vivre sans polenta. Enfin je peux m’émerveiller, car je suis rousse, née d’une rencontre fortuite entre deux parents porteurs d’un gène qui ne se voit dans aucun des deux. Certaines choses prennent du temps à disparaitre.
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Article publié dans l‘Echo Magazine