Le catholique pris dans le flot des peuples en vacances a une préoccupation de plus que les autres. Les queues, l’essence, les billets d’avion annulés, la météo, les intoxications alimentaires, les visas, tout ceci n’est rien à côté de la dramatique question «où vais-je aller à la messe?». Ce souci est amplifié par les langues différentes, les rythmes et l’impossibilité de trouver les informations. Mais une vérité demeure: dans 80% du monde, pour le catholique en vacances il existe une église avec une messe pour le dimanche.
Je suis à Merida, capitale de l’Etat du Yucatan (Mexique). Dans une semaine, ici, mon fils se marie. A plus de 8’000 kilomètres de chez moi, prise dans le chaos des petites routes et l’humidité tropicale qui écrase les sens, en cette fête de sainte Marie-Madeleine, j’irai à la messe! Le catholique en vacances a une petite trousse de survie: l’application pour téléphone «horaire des messes» (qui répertorie tous les horaires dans le monde, et qui nécessite notre aide pour sa mise à jour) et le fascicule Prions en Eglise, qui contient les textes du jour. Nous serons à l’heure cette fois-ci! Nous trouvons l’église San Cristobal et nous traversons le vacarme, suivant les Mexicains qui se hâtent comme nous. Porte d’entrée et battement de mon cœur: je suis «chez moi». Un espace vide, des bancs en bois, un lumignon rouge qui brille loin et si près de moi. «On dit bonjour à Jésus!, dis-je comme d’habitude à mes enfants en faisant la génuflexion. Eux aussi se sentent à la maison: il y a comme d’habitude celui qui traîne les pieds, celui qui grimpe sur les bancs et celui qui s’endormira sur les genoux de son père. Trois dames âgées entonnent le chant d’entrée, le chant déraille, personne ne suit et le prêtre apparaît. Tout le monde se lève et la messe commence. Je connais le rythme et la structure, les mots en latin se mélangent à l’espagnol rond et musical. Ah tiens, le gloria! Le bébé dans mes bras s’agite, je le mets dans le tissu sur mon dos et je me dirige vers le fond, mondialement reconnu comme l’endroit préféré des parents, «un peu dedans et un peu dehors». Sur mon chemin des regards compréhensifs, et comme à Fribourg, une personne irritée par le bruit. Au moment du signe de paix, les gens m’embrassent et comme chez moi, il s’en trouve un pour dire «bonjour» à la place de «la paix du Christ». Je me déconcentre en regardant l’exotisme de cette église si différente, ses peintures sur les murs, ses ventilateurs dansants et les portes ouvertes pour permettre le courant d’air qui agite les cheveux des paroissiens.
Celui qui a imaginé l’esperanto n’a pas rencontré les catholiques à la messe. Si le bâtiment de l’église m’est familier, c’est l’humanité charnelle de son peuple qui est ma maison. Confus, inattentif, irrité, fatigué, sur son téléphone, et comme moi désirant quelque chose de grand.