Les vacanciers sont des aventuriers. Ils le sont s’ils traversent le continent américain à bicyclette, ils le sont aussi s’ils choisissent le camping du lac tout proche. Franchir la porte, embrasser le chemin longuement préparé est toujours passer la ligne transparente entre le chez-soi connu et le totalement autre. L’hébergement reste la clé du vrai dépaysement: tente, caravane, hôtel de dernière minute, bungalow all inclusive (tous repas inclus) et, depuis quelques années, échange de maison avec des inconnus.
J’ai franchi le pas. Comme une femme à la recherche d’une rencontre amoureuse, j’ai cherché sur un des nombreux sites dédiés au home exchange si des familles nombreuses étaient intéressées à venir vivre chez moi. J’ai proposé ma maison, l’ai photographiée un jour où elle avait l’air ravissante et vanté ses nombreuses qualités. Après quelques tentatives
infructueuses (une famille de l’Alaska et un couple qui n’avait remarqué mon nombre d’enfants), nous avons rencontré la maison parfaite, une vieille savonnerie au bord d’une écluse belge, refuge d’une famille d’artistes. J’ai alors commencé la névrotique préparation de ma maison pour l’échange: espace dans les armoires, nettoyage de fond, préparation d’un kit de bienvenue avec brochures de l’office du tourisme. Les détails discutés, les contrats échangés, le GPS programmé, nous sommes arrivés à l’endroit promis qui, comme toujours, ne ressemblait pas vraiment aux photos reçues. Mais la clé était sous le paillasson et nous sommes entrés. Comme souvent en voyage, tout était déconcertant: les habitudes, les rythmes, les odeurs. Il n’y a rien de plus intime et particulier que l’odeur d’une maison! Quelle découverte: les goûts de décoration douteux, les espaces préparés pour nous, les jeux dans la chambre des enfants (toujours mieux qu’à la
maison), et même le système de tri des déchets. Vivre chez les autres c’est aussi découvrir combien est personnel le sens du propre et du sale!
La maison a progressivement révélé ses secrets, dans les chemins du jardin, la porcelaine des armoires, le sourire des voisins. J’ai pensé un instant à la mienne, occupée par des étrangers, qui s’ouvrait elle aussi. Allait-elle être abîmée ou mal traitée? Avec soin, je regardais ce que j’avais devant, espérant que les propriétaires de la savonnerie en feraient autant avec la mienne. Je suis revenue de voyage, tout était silencieux, ma maison m’attendait. Les bernard-l’ermite qui avaient momentanément vécu chez moi n’avaient laissé qu’une vague odeur et quelques verres cassés. J’ai alors compris que la véritable aventure est celle qui nous attend lorsque nous rentrons chez nous et que la vie recommence.
article publié dans l’Echo Magazine
c’est l’avantage d’avoir une maison si confortable que la tienne, ca adoucit les retours de vacances… et ta maison c’est aussi ta personnalité, non? généreuse, ouverte, accueillante, atypique, organisée, esprit pratique, refuge en cas de coup dur…
D’ailleurs, toi et elle, vous me manquez 🙂
love