Je considère volontiers les soins par les plantes comme de la magie obscurantiste. «Les médicaments doivent sortir d’une boîte et sentir le sirop douçâtre», m’arrive-t-il de penser lorsque des amis me proposent tisanes, huiles essentielles ou granules pour soigner les bobos que le pharmacien de mon village traiterait avec des antibiotiques («On ne sait jamais», dit-il chaque fois).
Dois-je devenir un druide celte pour cueillir les petites plantes qui soignent? C’est possible pour tous, répond un petit livre qui part d’une idée simple: dans le monde urbanisé du 21e siècle, un balcon ou un bord de fenêtre suffit pour produire des plantes capables de nous soigner d’une quantité de maux petits et moyens. A travers 45 entrées qui vont de l’absinthe à la violette, l’auteur explique, pour chaque plante, comment la faire pousser, la récolter et l’utiliser pour se soigner. Au passage, il distribue quantité de conseils de jardinage (sur la taille, l’hivernage, la quantité d’eau et les problèmes spécifiques des plantes en pots) et souligne l’aspect positif d’une traçabilité des plantes et de leur accessibilité. Rien de plus proche que son balcon, en effet. Bien construit, l’index des maux et pathologies (d’«acné» à «vomissements» en passant par «coqueluche») permet réellement d’utiliser le livre comme un manuel de soins et non pas seulement comme un livre de jardinage. Je découvre ainsi que la décoction n’est pas égale à l’infusion (une décoction est une infusion qui a cuit très longtemps et a donc permis à certaines substances plus difficiles à obtenir – quand la plante est plus dure par exemple – de se déposer dans l’eau). Un grand nombre de plantes aromatiques que je connais sont utilisées comme plantes médicinales; les infusions d’aneth soignent les flatulences et la mauvaise haleine, le persil frotté enlève les démangeaisons des piqûres d’insectes, enfin le romarin a des effets sur la circulation sanguine. Je découvre aussi que seul le fraisier des bois est originaire de nos contrées et que les traités de pharmacologie du Moyen Âge vantaient déjà ses propriétés dans le traitement des maux gastro-intestinaux.
Ce livre surfe sur la vague contemporain du do-it yourself (fais-le toi-même) qui enchante bon nombre de personnes: on fait ses produits de beauté, ses produits de ménage, ses médicaments et même les pâtes à modeler pour ses enfants. Je suis quant à moi mélancolique d’un temps où il ne fallait pas nécessairement tout contrôler. L’époque où un homme charmant faisait le plein d’essence de nos voitures.
Article publié dans l’Echo Magazine
Recension du livre « des Plantes médicinales pour mon balcon » Serge Schall