Au retour de mes vacances, quelle n’a pas été ma surprise de trouver les extrémités de mon adorée glycine recouvertes de pucerons pullulants, et des fourmis rieuses se promenant aux alentours de cette vague angoissante de noir. «Elles sont en train de traire » m’a dit une chère amie à la pause-café, faisant ainsi le lien entre les deux bestioles. En effet, les fourmis protègent les pucerons par intérêt pour le miellat, miraculeuse substance doucereuse et collante qui est l’excrément de ces derniers. La vague de nausée qui a pris le dessus de moi ne m’a pas empêchée de faire la liste de mes options. Ma glycine pliait sous le poids de la production effrénée de cette nourriture hivernale pour fourmis, mais devais-je faire vite ? Non, les pucerons ne tuent pas la glycine mais ils l’affaiblissent beaucoup. Le spray anti-pucerons dans les mains, désireuse d’une solution radicale, j’ai toutefois opté, sans trop y croire, pour les coccinelles.
Je les ai trouvées sur internet dans un magasin suisse de jardinage spécialisé dans la lutte biologique, les ai commandées un mardi et les ai reçus 3 jours plus tard. Elles étaient dans des boîtes d’allumettes en plastiques glissées dans une enveloppe B5 portant l’inscription « contenu périssable ». J’avais choisi des larves de coccinelles, moins chères (mais tout de même 29 francs pour 30 larves). Désormais, il fallait faire le travail vite (on les laisse 2 jours maximum au frigo), et les poser à l’aide d’un pinceau près des colonies de pucerons, prenant garde à garder les larves intactes. La boite contenait de la sciure et des petits points noirs (nourriture ? excréments ?) ainsi que des larves de 5 mm, ressemblant à des petits vermisseaux noirs à pattes. Heureusement, j’avais acheté deux boites, car dans l’euphorie familiale, la première boite s’est renversée sur le tapis du salon où reconnaitre les larves entre les nœuds colorés a été aussi impossible que d’utiliser la ramassoire pour les recueillir sans les tuer. Le premier deuil passé, j’ai déposé les larves monochromes sur l’océan de leur nourriture de même couleur où elles ont disparu de l’œil humain pendant plusieurs jours
Je ne pensais plus qu’à elles, sûre qu’elles avaient été tuées par leurs ennemies jurées, des fourmis bien décidées à protéger leur nourriture. J’ai surveillé le climat (et si le vent soufflait trop et les emportait?) et la glycine (était-ce-ce trop tard ?). Enfin, un matin, sur ma plante affaiblie aux feuilles recroquevillées, j’ai vu les tiges vertes à nouveau, et les pucerons se faire rares. Sous quelques feuilles entortillées, j’ai reconnu mes alliées, gonflées de nourriture. J’aurai voulu parler leur langue pour les remercier.
Ma glycine a repris du tonus. Les coccinelles n’ont pas fini le travail avant d’être emportées par l’orage vers d’autres pucerons et des enfants heureux. Rarement ais-je eu cette sagesse du temps et de l’argent bien investi. Que dire, par exemple des poux qui ont accueilli mes enfants au retour à l’école ? Existe-il peut être un prédateur pour ceux-ci, autre que moi ?
Coccinelles en vente sur http://www.biogarten.ch