Dans le livre culte pour enfants Horton entend un zou, l’éléphant du même nom voit virevolter une petite graine et comprend, en entendant un bruit infime, qu’un monde de petits personnages merveilleux vit sur cette mini miette. Personne ne le croit, mais Horton défend la graine jusqu’à risquer sa vie pour elle. C’est alors que le peuple de la graine parvient à se faire entendre, avant de sauver à son tour la vie d’Horton.
Au moment de planter mes premiers semis, je me sens comme Horton, bien gauche devant des graines si petites taille et si riches de potentiel. Je me dis qu’elles auront froid et qu’elles ne survivront pas. Mais mars et avril est le temps des semis même si on doute – ces jours-ci en particulier – que le printemps soit prêt à revenir. Indécise, je regarde le calendrier lunaire et je me lance.
Peu de matériel est nécessaire les semis: une petite serre composée de deux plateaux inférieurs (un pour la terre, et l’autre pour la récolte de l’eau excédante), ainsi qu’un couvercle transparent. Et les graines, bien sûr, ces minuscules miracles de vie qu’on trouve au supermarché. Comme souvent, plusieurs méthodes opposent les pros du jardinage. Pour ma part, j’ai choisi la technique des semis à chaud qui rappelle la cuisson du ragoût à l’étouffée: il suffit de mettre les graines sur une terre «spécial semis» achetée ou faite maison, de les mouiller, de les recouvrir et de ne JAMAIS ouvrir le couvercle, laissant ainsi les ingrédients mijoter entre eux jusqu’à la combinaison explosive de la germination.
C’est là que les choses se corsent, car je suis loin de ressembler au sage Horton. Comment croire que chaque graine donnera une plante? Prise de doute, j’en mets trois fois trop car «on ne sait jamais», et j’attends. Et mon manque de foi me fait déplacer la serre deci- delà, sur les meubles et devant chaque fenêtre. Enfin, après 10 jours, comme le promis le mode d’emploi, je vois une tache de vert dans la terre fertile. Poussée par un émerveillement quasi-maternel, je continue à regarder ma petite serre. Les graines germent très vite. Comme j’en ai planté trop, je dois éclaircir, c’est-à-dire ne garder que les meilleures et enlever le reste. La mise à mort est terrible. J’aurais dû lire les instructions sur le paquet
La suite est digne des meilleurs contes de fées. La graine germe et donne beaucoup d’enfants sous la forme de fleurs, de fruits ou de légumes. Un monde entier était bien présent dans cet infiniment petit. Peut-être que, comme Horton, si je me penche vers la terre, j’entendrai mes futures tomates chanter de joie à l’idée de pouvoir un jour voir le soleil.
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article publié dans d‘Echo Magazine